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Douleur : définitions et classification

Définitions

 

Douleur

Expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à des lésions tissulaires, réelles ou potentielles.

  • Subjective, complexe et multidimensionnelle
  • Composée à la fois d'éléments sensoriels et affectifs
  • Composante affective parfois dominante
  • Ampleur de la composante affective influencée par l'expérience du passé (mémoire) et le contexte présent

 

Il est essentiel de bien caractériser et évaluer la douleur afin d'orienter le traitement.

 

Dépendance

Il est important de distinguer dépendance psychologique, dépendance physique et tolérance.

 

Définition

Dépendance
psychologiques
(toxicomanie)

Trouble neurobiologique primaire chronique lié à des facteurs génétiques, psychosociaux et environnementaux qui influent sur son développement et ses manifestations.

Caractéristiques de la toxicomanie :

  • Perte de contrôle quant à l'utilisation de la substance;
  • Utilisation compulsive;
  • Poursuite de l'utilisation malgré des conséquences néfastes;
  • Désir irrépressible d'utiliser la substance

 

Phénomène très rare chez les personnes souffrantes.

Dépendance
physique

État d'adaptation qui se manifeste par un syndrome de sevrage (symptômes spécifiques à la classe pharmacologique) lors de la cessation soudaine du traitement, d'une baisse rapide de la posologie, d'une diminution des concentrations sanguines du médicament ou de l'administration d'un antagoniste.

Tolérance

État d'adaptation dans lequel l'exposition au médicament entraîne, avec le temps, des modifications qui mènent à une baisse d'un ou de plusieurs de ses effets (thérapeutiques ou non).

 

La douleur chronique peut être très invalidante et le recours à des doses plus élevées ou à des associations d'opioïdes est parfois nécessaire.

  • Il est facile d'avoir des préjugés dans ces cas. Il ne faut jamais oublier que la perception de la douleur est très variable d'une personne à l'autre.
  • La grande majorité des personnes souffrantes n'obtiennent pas d'effet euphorisant de leurs opioïdes.
  • Les personnes réellement souffrantes ont généralement un comportement qui concorde avec leurs dires et qui se maintient dans le temps alors que les personnes qui « feignent » une douleur pour obtenir des opioïdes ont souvent un comportement discordant par rapport à leurs dires ou qui varie selon qu'elles se savent observées ou non.

 

Une tolérance aux effets indésirables s'installe généralement avec le temps, particulièrement aux nausées et à la somnolence, exception faite de la constipation. La tolérance à l'effet thérapeutique est toutefois rare chez les personnes souffrantes.

Dans les situations où on soupçonne un abus ou une dépendance psychologique, le pharmacien devrait toujours contacter le médecin afin d'assurer un suivi optimal, en plus de s'assurer que le patient ne fait pas l'objet d'une alerte.

 

Comportements ou facteurs pouvant indiquer un abus

La personne :

  • se dit allergique aux opioïdes légers et (ou) aux analgésiques non opioïdes, comme les AINS.
  • connaît la terminologie clinique.
  • connaît les expressions argotiques (« street name ») des médicaments d'ordonnance.
  • n'habite pas le quartier.
  • est pressée.
  • est réticente à montrer une pièce d'identité.
  • offre de payer comptant au lieu de s'identifier ou d'utiliser son régime d'assurance-médicament.
 

Classification de la douleur

 

Il existe trois façons de classer la douleur :

  1. Temporelle : aiguë ou chronique
  2. Étiologique : d'origine cancéreuse ou non
  3. Physiologique : nociceptive, neuropathique, mixte
TypeDescriptionExemples

Douleur aiguë

  • Réponse immédiate à une atteinte tissulaire
  • Résulte d'une activation des récepteurs périphériques spécifiques à la douleur (nocicepteurs) et de leurs fibres nerveuses spécifiques (delta A et C)
  • Entorse
  • Fracture
  • Brûlure
  • Douleur postopératoire

 

Douleur chronique

  • Liée à une atteinte tissulaire qui perdure au-delà du processus normal de guérison
  • Résulte d'une activation persistante des nocicepteurs et des fibres nerveuses
  • Peut également résulter d'une atteinte ou d'une dysfonction du système nerveux périphérique ou central
  • Peut être qualifiée de chronique si elle dure depuis au moins 3 mois
  • Arthrite
  • Neuropathie diabétique
  • Lombalgie

 

Douleur d'origine non cancéreuse

  • Toute douleur de cause autre que cancéreuse
  • Aiguë ou chronique
  • Dorsalgie
  • Arthrite
  • Brûlure
  • Neuropathie diabétique

Douleur d'origine cancéreuse

  • Douleur secondaire à une tumeur cancéreuse
  • Souvent secondaire à une compression ou à un envahissement tumoral
  • Toute douleur associée à un cancer

Douleur nociceptive

 

1) Douleur somatique

 

  • Associée à l'activation des nocicepteurs localisés notamment dans les tissus sous-cutanés, conjonctifs et musculaires et les capsules articulaires
  • Relativement bien localisée
  • Généralement décrite comme constante, profonde et agaçante
  • Intensifiée par le mouvement
  • Sensible à la pression
  • Fréquemment associée à l'inflammation

 

 

  • Entorse
  • Fracture
  • Brûlure

 

2) Douleur viscérale

 

  • Causée par la distension très marquée des viscères
  • Médiée par des récepteurs localisés dans la plupart des viscères ou les tissus conjonctifs les entourant
  • Habituellement mal circonscrite
  • Décrite comme constante et profonde
  • Parfois accompagnée de nausées et de vomissements
  • Réfère parfois à des sites cutanés distants

 

  • Douleurs cardiaques
  • Colite
  • Péritonite

 

Douleur neuropathique
(ou neurogène)

  • Résulte d'une atteinte ou d'une dysfonction du système nerveux périphérique ou du SNC
  • Peut être décrite comme une sensation de brûlure profonde et parfois vive ou lancinante (sentiment d'élancement aigu, choc électrique ou en « coups de poignard »)
  • Peut être secondaire à une compression, une infiltration, un changement morphologique, une destruction avec réparation cicatricielle, ou encore à une apparition d'activité spontanée et anarchique du système nerveux
  • Difficile à soulager
  • Peu ou pas soulagée par les analgésiques traditionnels; répond mieux aux co-analgésiques
  • Neuropathie diabétique périphérique
  • Névralgie post-herpétique
  • Douleur centrale attribuable à une lésion de la moelle épinière
  • Compression tumorale

 

Douleur mixte

  • Composante nociceptive prédominante accompagnée d'une composante neuropathique
  • Lombalgie
  • Douleurs d'origine cancéreuse
 
 

Différencier la douleur chronique nociceptive et neuropathique

 

Afin d'orienter le traitement pharmacologique, il faut déterminer si la douleur chronique est d'origine nociceptive seulement (atteinte tissulaires) ou s'il y a une composante neuropathique.

Les douleurs neuropathiques peuvent résulter d'une amplification des mécanismes douloureux excitateurs mais aussi d'un dysfonctionnement des mécanismes neurologiques qui inhibent la douleur.

 

Caractéristiques des douleurs nociceptive et neuropathique

CaractéristiqueDouleur nociceptiveDouleur neuropathique

Temporalité

  • Intermittente ou constante
  • Parfois d'intensité cyclique (p. ex intense au lever, moindre après des activités minimales)

 

  • Constante
  • Bouffées paroxystiques occasionnelles

 

Description

  • Spasmes, brûlures, lourdeur
  • Choc électrique, brûlure vive, prurit, piqûre, engelure, engourdissements, picotements

Emplacement

  • Locale parfois régionale
  • Jamais diffuse, sauf en cas d'atteintes multiples

 

  • Régionale, étendue ou diffuse
  • Tableau variable p. ex. dermatomale, inégale, hémicorporelle, pancorporelle

 

Facteurs favorisants

  • Activité trop intense
  • Parfois associée à l'inactivité

 

  • Amplification par stimulation nociceptive (hyperalgésie) ou non nociceptive (allodynie)

Exemples des types de douleur

  • Blessure musculo-squelettique, arthrite, fracture
  • Neuropathie diabétique périphérique, névralgie post-herpétique, névralgie du trijumeau
Adapté de Arsenault, P. Traumatisme physique et douleur : reconnaître les signaux d'alerte de détérioration. Le Médecin du Québec. Vol 43 (3), 2008