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Statines et douleurs musculaires : que faire?

Les douleurs musculaires sont un effet indésirable des statines qui, bien que rare, est source de beaucoup d'inquiétude. Il est important de les démystifier pour éviter un abandon prématuré et inutile du traitement.

 

Définitions

Terme Définition

Myopathie

Terme générique englobant tout trouble musculaire
Les myopathies peuvent être héréditaires ou acquises

 

Myalgie

Douleur ou faiblesse musculaire habituellement sans élévation de la créatine kinase (CK)

 

Myosite

Myalgie accompagnée d'une élévation de la CK

 

Rhabdomyolyse

Symptômes musculaires accompagnés d'une élévation marquée de la CK (typiquement plus de 10 x la limite supérieure de la normale) et de la libération de myoglobine dans le sang.

 

Peut s'accompagner d'autres symptômes comme la fièvre, la nausée, les vomissements ou une urine foncée (présence de myoglobine dans l'urine)

 
 

Prise en charge des patients qui rapportent des douleurs musculaires

 

Il ne faut pas oublier que la plupart des cas de myopathie liés aux statines se manifestent chez les patients qui sont à risque de ce trouble (voir ci-dessous) et chez ceux qui reçoivent des doses élevées de statine. Chez les patients plus jeunes, autrement en bonne santé, une douleur musculaire n'est probablement pas attribuable à la statine.

 

1.  Établir quand et comment la douleur est survenue : soudainement ou progressivement?

La myalgie attribuable à un effort physique apparaît le plus souvent de façon soudaine alors que la myopathie médicamenteuse s'installe généralement lentement, sur une période de quelques semaines ou mois.

 

2. Établir le siège de la douleur.

La myopathie médicamenteuse cause généralement une faiblesse des muscles proximaux des bras et des jambes.

 

3. Déterminer si le patient a récemment fait un effort ou subi un traumatisme.

Le patient a-t-il fait un effort particulièrement soutenu ou a-t-il récemment augmenté son niveau d'activité physique?

Le patient a-t-il fait une chute, s'est-il blessé ou a-t-il subi une intervention chirurgicale?

 

4. Demander au patient si son urine est anormalement colorée.

    Une urine foncée ou brune peut être un signe de rhabdomyolyse.

     

    5. Établir si le patient présente d'autres facteurs qui élèvent le risque de souffrir de myopathie médicamenteuse, notamment :

    • un âge avancé (> 80 ans)
    • le sexe (femme > homme)
    • une ossature frêle ou une santé fragile
    • des comorbidités (diabète, néphropathie, hépatopathie, hypothyroïdie)
    • la prise de plusieurs médicaments
    • une période périopératoire
    • la consommation excessive d'alcool
    • la prise de grande quantité de jus de pamplemousse (> 1 litre/jour)

     

    6. Analyser le profil pharmacologique du patient à la recherche de possibles interactions médicamenteuses.

    Il ne faut pas hésiter à demander au patient s'il s'est procuré des médicaments dans d'autres pharmacies.

    Voici quelques exemples d'agents qui interagissent avec les statines :

    • les fibrates (surtout le gemfibrozil);
    • l'acide nicotinique;
    • la cyclosporine;
    • l'itraconazole, le kétoconazole;
    • l'érythromycine et la clarithromycine;
    • les inhibiteurs de la protéase (VIH);
    • le vérapamil;
    • l'amiodarone.

     

    Si vous soupçonnez une réaction attribuable à la statine, dirigez le patient vers son médecin.

     

    Comme le rapport risque/bénéfice favorise généralement le traitement hypolipémiant, la Société canadienne de cardiologie recommande de ne cesser le traitement que de façon temporaire le temps que les transaminases reviennent à la normale puis de le réintroduire.

    Le traitement peut être recommencé avec le même agent ou un agent différent, à la même dose ou à une dose plus faible, selon la même fréquence d'administration ou à une fréquence réduite (p. ex. aux deux jours), selon le jugement clinique du médecin.